Conf¨¦rence "Quelle(s) science(s) pour la durabilit¨¦ ?"

Le 5 mars dernier, Le P?le Sciences de la durabilit¨¦ avait le plaisir de recevoir et d¡¯¨¦couter dans le cadre de sa premi¨¨re conf¨¦rence Gilles Kleitz, directeur d¨¦l¨¦gu¨¦ adjoint ¨¤ la science au sein de l¡¯Institut de Recherche et D¨¦veloppement (IRD), ¨¤ la Maison des Sciences de l¡¯Homme. Cette intervention a constitu¨¦ une tr¨¨s bonne entr¨¦e en mati¨¨re pour qui n¡¯¨¦tait pas familier de la Science de la durabilit¨¦ (SdD) tout en proposant des actions pr¨¦cises entreprises au sein de l¡¯IRD pouvant b¨¦n¨¦ficier aux acteurs clermontois plus ou moins impliqu¨¦s dans cette d¨¦marche ¨¦galement.
 

G. Kleitz a rappel¨¦ le contexte d¡¯¨¦mergence et l¡¯adoption des Objectifs de D¨¦veloppement Durable (ODD) qui sont ¨¤ appr¨¦hender de mani¨¨re conjointe. Ces ODD, au nombre de 17, portant notamment sur la lutte contre la pauvret¨¦, l¡¯¨¦ducation, l¡¯¨¦galit¨¦ des sexes ou encore l¡¯assainissement et l¡¯eau potable, constituent la boussole de la Science de la durabilit¨¦. L¡¯intervenant a ensuite pr¨¦sent¨¦ une d¨¦finition collectivement accept¨¦e de cette SdD fond¨¦e sur quelques fondamentaux comme l¡¯interdisciplinarit¨¦, la transdisciplinarit¨¦ et la co-construction des recherches, la prise en compte imm¨¦diate des impacts de ces recherches, l¡¯int¨¦gration des limites plan¨¦taires, la complexit¨¦ et la dimension transformative. Elle se veut une science r¨¦flexive, collaborative et ? problem-based ?, orient¨¦e vers des solutions justes et durables. Elle implique donc un changement de paradigme scientifique.
 

Une mise en perspective de ce d¨¦veloppement au sein de l¡¯IRD a ensuite ¨¦t¨¦ propos¨¦e. Apr¨¨s un rapide retour historique de l¡¯institution, plusieurs ¨¦l¨¦ments concrets ont permis de rendre compte de cette transformation depuis le d¨¦but des ann¨¦es 2020. Il s¡¯agit en premier lieu des Communaut¨¦s de Savoirs (CoSav), au nombre de 9, qui sont des espaces de r¨¦flexion et d¡¯action ouverts sur les ? grands d¨¦fis scientifiques ? (biodiversit¨¦, changement climatique, One Health, terres et sols, migrations etc.). Elles donnent lieu ¨¤ des formations, des s¨¦minaires/webinaires, des ateliers, des publications. L¡¯IRD entretient ¨¦galement une culture de l¡¯impact. Le dispositif ? Impact Lab ? a pour objet d¡¯analyser l¡¯impact des travaux de recherche sur la soci¨¦t¨¦. Par ailleurs, la convention pour une transformation ¨¦cologique et sociale de l¡¯IRD a ¨¦t¨¦ adopt¨¦e en mars 2024. Elle vise ¨¤ r¨¦duire l¡¯impact environnemental de l¡¯institution. Fond¨¦e sur les r¨¦flexions de 40 agents tir¨¦s au sort devant en repr¨¦senter la diversit¨¦, elle aboutit en juin ¨¤ la publication d¡¯un rapport articul¨¦ en 18 objectifs th¨¦matiques et 42 pistes d¡¯action. Le d¨¦veloppement de la SdD passe en effet ¨¦galement par des r¨¦flexions sur la transformation des institutions de recherche et d¡¯enseignement. Les questions des modes d¡¯¨¦valuation, des recrutements (inter-CSS (Commissions Scientifiques Sectorielles)), ont ¨¦t¨¦ ¨¦voqu¨¦es. L¡¯IRD a ainsi entrepris le recrutement de jeunes chercheur-euse-s en SdD pens¨¦-e-s comme agents de cette transformation. Enfin, Gilles Kleitz a abord¨¦ la n¨¦cessit¨¦ des partenariats internationaux (Danemark, Japon) afin de b¨¦n¨¦ficier de l¡¯expertise d¨¦j¨¤ ¨¦tablie.
 

Les ¨¦changes se sont ensuite concentr¨¦s sur les mani¨¨res de transformer les institutions, de convaincre le collectif de cette n¨¦cessit¨¦ face aux potentielles r¨¦ticences disciplinaires ; mais aussi plus sp¨¦cifiquement sur l¡¯existence de travaux ¨¦pist¨¦mologiques et m¨¦thodologiques de la SdD ; sur l¡¯appr¨¦hension et l¡¯int¨¦gration des savoirs autochtones. On notera ¨¦galement les questionnements d¡¯¨¦tudiants portant sur ces transformations laissant penser que la communaut¨¦ ¨¦tudiante n¡¯est pas d¨¦sint¨¦ress¨¦e de ces enjeux.