Langage humain et langage animal : l¡¯histoire d¡¯un probl¨¨me anthropologique du XVII¨¨me si¨¨cle ¨¤ nos jours

Descartes avait contest¨¦ que les animaux aient une ?me ainsi que de possibles activit¨¦s mentales, y compris le langage. Cette th¨¨se se trouve en opposition radicale avec les id¨¦es de Montaigne qui avait profess¨¦ une vision des animaux marqu¨¦e par un profond respect allant jusqu¡¯au refus des hi¨¦rarchies. Dans ce contexte, le concept de ¡®langue¡¯ a ¨¦t¨¦ ¨¦tendu au-del¨¤ de la langue parl¨¦e. Outre la cons¨¦quence anthropologique directe, qui remet en question la justification de la sup¨¦riorit¨¦ des ¨ºtres humains par l¡¯utilisation du langage parl¨¦, il en r¨¦sulte une nouvelle ¨¦valuation de la diversit¨¦ des langues humaines, qui n¡¯est plus seulement consid¨¦r¨¦e comme une punition pour le comportement hautain des gens lors de la construction de la tour de Babel, mais plut?t comme un fait acquis, qui est peut-¨ºtre aussi une chance en soi. Avec l¡¯¨¦laboration d¡¯une th¨¦orie de l¡¯¨¦volution historique et naturelle au XVIIIe si¨¨cle, l¡¯hypoth¨¨se de la perfection et du progr¨¨s a ¨¦galement conduit ¨¤ l¡¯effacement des fronti¨¨res entre la communication humaine et animale. Darwin ne consid¨¨re pas l¡¯inclination instinctive ¨¤ acqu¨¦rir une capacit¨¦ communicative comme une pr¨¦rogative de l¡¯esp¨¨ce humaine, mais plut?t comme se trouvant dans le r¨¨gne animal, ce qu¡¯il tente de d¨¦montrer en utilisant l¡¯exemple du chant des oiseaux. Selon Darwin, le langage humain a ¨¦t¨¦ cr¨¦¨¦ en imitant les sons de l¡¯environnement et les voix des animaux, ainsi que par les cris de l¡¯homme, contr?l¨¦s instinctivement et accompagn¨¦s de signes et de gestes. Les ¨¦tudes des derni¨¨res d¨¦cennies sur ce qui para?t avoir ¨¦t¨¦ les langages des premiers humains autorisent une hypoth¨¨se de continuit¨¦ entre ¨¦tages infrahumains et humains, qui ¨¦claire d¡¯une nouvelle mani¨¨re la phylogen¨¨se du langage. L¡¯existence de capacit¨¦s langagi¨¨res au moins virtuelles chez les animaux sup¨¦rieurs, singes anthropo?des, mammif¨¨res marins et amphibiens, particuli¨¨rement, est d¨¦montr¨¦e.

Gerda Ha?ler est pr¨¦sidente de la Leibniz Soziet?t der Wissenschaften zu Berlin (Soci¨¦t¨¦ Leibniz des sciences de Berlin), membre associ¨¦ de l¡¯UMR 7114 Mod¨¨les, Dynamiques, Corpus de l¡¯Universit¨¦ Paris Nanterre ainsi que du Laboratoire de Recherche sur le Langage de l¡¯Universit¨¦ Clermont Auvergne et professeur ¨¦m¨¦rite de linguistique th¨¦orique et appliqu¨¦e ¨¤ l¡¯institut des langues et litt¨¦ratures romanes de l¡¯Universit¨¦ de Potsdam. Elle a obtenu son doctorat (1978) et son habilitation (1984) ¨¤ l¡¯Universit¨¦ Martin Luther de Halle-Wittenberg avec des travaux sur l¡¯histoire de la linguistique. Elle est, entre autres, auteur d¡¯un volume sur la temporalit¨¦, l¡¯aspectualit¨¦ et la modalit¨¦ (2016 De Gruyter) et de plusieurs articles sur la modalit¨¦ et l¡¯¨¦videntialit¨¦ dans les langues romanes. Ses domaines de recherche sont la grammaire fonctionnelle, l¡¯histoire de la linguistique, la syntaxe et la pragmatique des langues romanes et l¡¯¨¦tude compar¨¦e des langues romanes. 

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